L’envie d’ailleurs et de voyager n’a jamais été aussi grande. La pandémie mondiale nous pousse à réfléchir autrement à nos modes et choix de vie.Encouragés par l’évolution technologique et numérique de nombreux parents considèrent l’idée de faire école à leur enfant à la maison. Cette idée est d’ailleurs souvent couplée à l’envie de voyager en famille, loin et longtemps.

Ces parents, souvent férus de voyages, trouvent en ce compromis scolaire les moyens de reprendre ou continuer à voyager.

Afin de réussir à combiner voyage et éducation, il est important que les parents sachent dans quoi ils mettent les pieds. Pour nous renseigner, nous avons rencontré et interrogé une famille partit voyager loin de France. Mélanie Legault et sa famille sont partis vivre 6 mois à l’autre bout du monde. Leur voyage démarra en Nouvelle-Zélande et se poursuivit en Australie, et ce, durant 6 mois. À leur contact, nous avons pu élaborer 5 conseils primordiaux pour réussir à enseigner aux enfants dans le cadre familial. 

La famille Legault, visite la Nouvelle-Zélande entre de cours à la maison.

(La famille Legault, Nouvelle-Zélande)

1) Bien préparer le voyage et les apprentissages en amont.

Ce qui est tout d’abord marquant avec la famille Legault, c’est leur préparation. Clé de voûte de leur voyage, ils n’ont pas hésité à expérimenter et poser des questions. Ils ont d’abord préparé professionnellement, “et ce depuis 2015”, leur voyage. Ensuite, ils ont fait l’expérience “d’un échange de maison d’un mois, au Costa Rica”, avant de partir plus longtemps. Cela leur a permis de jauger le comportement des enfants mais aussi des parents. Mélanie Legault, explique d’ailleurs très bien la différence entre voyage de vacances et vivre à l’étranger sur la route.

“En vacances ont fait pause, et laisse tout derrière, alors qu’avec ces longs voyages, les enfants restent des enfants ! Ils vont avoir des disputes et des conflits”.

Ensuite c’est aussi par l’échange que ce projet a pu se bâtir sur des fondations solides. Les échanges avec l’École des enfants leur a aussi permis d’envisager un tel voyage. Bien que enseignants tous deux, ils ont dû se renseigner et s’interroger. Bien qu’ils s’agissent de partir avec les enfants, il faut aussi convenir du retour de ceux-ci à l’école. Ce voyage ne peut être considéré comme une pause dans la scolarité des enfants. Au contraire, elle doit être vue comme un prolongement, une extension de l’éducation scolaire classique. 

Ce voyage est une “opportunité éducative unique” pour les enfants. Elle ne doit pas se transformer en fardeau au retour sur les bancs de l’école.

Pour cela rien de mieux que de se renseigner et surtout d’apprendre la pédagogie nécessaire auprès de professionnels. Ils sauront vous aiguiller et répondre à bon nombre de vos questions. 

Famille et enseignant en réunion à l'école.

(Famille et enseignant en réunion)

2) Se former pédagogiquement : un statut enseignant-parent peu évident.

En effet, il est très difficile de faire apprendre. C’est un métier, auquel il faut être formé mais qui requiert aussi sensibilité et réflexion.
Dans le cadre de l’école à la maison, et encore plus en voyage, il est important de créer un cadre scolaire. Comprenez ici que le “statut parents-enseignants n’est pas évident à construire”. Il faut déterminer les limites et les comportements à adopter pour les enfants et les parents durant les cours.

C’est donc un cadre large à fixer, empêchant la vie de famille de déborder sur l’école. Ce que normalement, les murs de l’établissement scolaire font.
Mais c’est aussi, et cela nous est confirmé par Mélanie Legault, important de rester malléable. On ne peut exiger des enfants de séparer facilement le parent de l’enseignant. Il faut le reconnaître et adapter la pédagogie en fonction de cela. 

“il ne faut pas avoir peur de poser des questions, d’essayer, de changer, de modifier l’horaire et la façon de faire. Ne pas avoir peur de s’adapter à nos enfants, à leurs besoins et au moment”. 

En effet, il y a “bien plus d’une façon d’apprendre” et l’école en voyage permet d’en essayer plusieurs.

3) Être flexible concernant les méthodes d’enseignement et de travail à la maison. 

Par conséquent, il s’agit d’être flexible. Ne pas se lancer dans cette aventure avec un cadre rigide et des idées arrêtées. Dans cette famille, “on a d’abord acheté un tableau pour y écrire les horaires”. Ensuite, ils ont remarqué que les horaires étaient changeants, que l’on pouvait s’arranger, rattraper les cours, ou prendre de l’avance. On observe aussi que les enfants n’ont pas le “même rythme et moments d’apprentissage”. Alors on s’adapte, on commence l’école plus tard que 8h. Cela a d’ailleurs enlevé pas mal de stress pour les enfants et les parents.

Ils ont aussi remarqué que ce qui était le plus dur pour les enfants était l’écriture. Souvent rébarbatif, l’école en voyage peut ouvrir à de nouvelles méthodes d’éducation plus adaptée. En effet, si la pédagogie est bonne, il est plus facile et rapide d’apprendre seul avec l’enseignant que noyé dans une classe de 30 élèves.

(Balade familiale durant le couché du soleil)

(Balade familiale durant le couché du soleil)

4) Savoir donner aux enfants l’envie de faire école à la maison.

S’ il peut paraître facile d’adapter les horaires et les exercices, il est plus difficile de convaincre et intéresser les enfants à l’école en voyage. Il faut savoir ruser pour motiver l’enfant à travailler. À l’école, les camarades de classe motivent et entraînent les enfants. En voyage, c’est aux parents de le faire à la maison.

À leurs jeunes âges, il est difficile de demander aux enfants de se mettre au travail d’eux-mêmes. Tout comme de séparer les moments familles des moments d’école.
Ici, Mélanie a su au début, le temps de créer une routine, faire des compromis. Elle explique qu’ils “ proposaient aux enfants de travailler, puis en échange, d’aller à la plage, faire une sortie, etc”

Cependant, et cela est très important, il ne faut pas que cela devienne permanent. Il s’agit là de l’installation, l’instauration d’une nouvelle routine, qui nécessite un moment d’adaptation. Sinon on s’expose au désintérêt et aux marchandages des enfants. 

C’est là que bien souvent la liberté de l’école à la maison, et encore plus en voyage, permet de contrebalancer. En effet, les moments d’école s’adaptent au quotidien du voyage. “Les moments de familles ou les activités culturelles, éducatives et sportives sont autant de moments d’apprentissage pour les enfants”. La routine éducative est alors encadrée par un ensemble d’expériences et d’apprentissages pour la famille. 

La famille Legault pendant leurs activités de plage.

(Activité plage pour la famille Legault)

5) Répartition équitable de la charge de travail pour éviter une charge mentale excessive d’un des deux parents.

Enfin, et cela s’adresse plus aux parents, il est important de préparer l’organisation des rôles et tâches éducatives. Il est nécessaire de construire ce projet éducatif à deux. Bien trop souvent, comme pour les devoirs à la maison, la mère est bien plus sollicitée et sollicitable par les enfants.

Cette charge s’ajoute à un ensemble d’autres charges mentales, majoritairement subi par les mères à la maison. Il en va des tâches ménagères, domestiques, éducatives, etc. Et bien qu’en voyage, les mêmes comportements se reproduisent bien souvent.
Il est donc nécessaire d’établir une juste répartition de toutes les charges et donc de la charge éducative.

L’image d’enseignant-parent peut avoir des conséquences sur la relation parent-enfant. Il faut donc que ce statut soit partagé équitablement, et non le fardeau de l’un des deux parents. Il en va de la santé des relations parents-enfants et de la réussite d’un tel projet de vie et éducatif.

Le voyage est souvent synonyme d’apprentissage. C’est au contact de personnes ou de situations étrangères que nous apprenons le plus. Il en va de même pour les enfants. La découverte de paysages uniques, de sociétés différentes et de nouveaux comportements, sont autant d’apprentissages encouragés par l’école à la maison.
L’évolution du numérique permet aujourd’hui d’envisager sereinement de voyager avec sa famille sur plusieurs mois sans souffrir de ce changement de vie.
“Le numérique facilite grandement le travail, l’école des enfants et le voyage. C’est possible de rester en contact avec les gens (travail, école, famille et amis) et cela permet de ne pas apporter trop de cahier dans nos bagages car nous avons accès à plein de documents en ligne”.