Flockeo : Pouvez-vous nous parler de vous et de votre équipe, comment vous gérez la situation actuelle et comment vous envisagez le futur ?

Nadine WITCZAK : Nous sommes une équipe atypique, pourquoi ? Parce que nous sommes un établissement indépendant, je doute qu’il y ait encore beaucoup de structures indépendantes en centre-ville de Nantes. En poste depuis 1988 en qualité de Directrice salariée, j’ai travaillé dans cet établissement au côté de 3 gérants différents qui m’ont toujours fait confiance dans la réalisation de différents projets. J’ai donc traversé, avec mon équipe, quelques crises dans ce bateau, il n’a jamais pris l’eau. La guerre en Irak : 1991 quand les aéroports et les gares fermaient sur le territoire national et que les professionnels n’étaient plus en mesure d’être assurés par leur compagnie pour leurs déplacements professionnels, ont démarré alors les premières visio-conférences, l’épidémie H1N1 en 2003 puis la grippe Aviaire, mais aussi la situation économique de 2008, liée à la crise des subprimes aux Etats-Unis.

Une équipe soudée, humaine pour fidéliser les clients, leur donner l’envie de revenir. Les plus anciens collaborateurs ont 25 ans d’ancienneté, 15 ou 10 ans pour certains, de nouvelles recrues étudiantes, des stagiaires, font le chemin avec nous régulièrement et ils sont toujours ravis de leur expérience.

Mixité hommes/ femmes, mais aussi mixité des origines :  Français, Espagnol, Algériens, Béninoise, Camerounaise…C’est juste un peu compliqué pour le choix du menu en fin d’année ! Mais pour les jours chômés et les fêtes religieuses : Que du bonheur, pas besoin de faire intervenir la RH, il y en a pour tout le monde.

Parce que nous sommes indépendants, nous voulons être vus et reconnus. Depuis 2003, nous avons passé beaucoup de certifications liées à la qualité mais aussi à l’environnement. Aujourd’hui nous détenons l’Ecolabel Européen depuis 2011, nous affichons cet engagement au-delà de nos étoiles pour que les clients à l’international puissent se dire qu’ils peuvent réserver chez nous en toute sérénité.

Le COVID 19, c’est différent, nous avons dû fermer l’établissement le 17 mars dernier. Annulations sur annulations, inquiétude de notre équipe, de nos clients, impossibilité de voyager, nous avons bien tenté de continuer en équipe réduite mais le 16 au soir, la réalité nous rattrape, un seul client dans l’établissement…Bonjour tristesse !

Il faut fermer, prévenir tous les partenaires, les fournisseurs, démarrer les procédures de demande de chômage partiel, vider les frigidaires, se partager ce qui peut l’être et le plus dur, prendre congé de l’équipe, pour combien de temps ! Nul ne pourrait le dire…S’assurer d’avoir le numéro de téléphone de chacun, promettre d’appeler, de donner des nouvelles et de se préserver.

Aujourd’hui il n’y a plus de standard : Hôtel Amiral bonjour…Mais mon numéro personnel et celui du gérant restent joignables, les mails sont traités de mon domicile…Le look est différent plus décontracté, moins circonstancié mais l’envie est la même.

Tous les collègues vont bien.

La santé financière de notre petit bateau a toujours été bonne, saine, nous pouvons tenir quelques mois, il faut juste espérer maintenant qu’une trop grosse vague ne nous fasse pas chavirer, on a bien des gilets de sauvetage on sera récupérés et remis sur le marché mais quand même ! Je n’ose y penser.

Voilà en quelques lignes notre histoire.

À la question de savoir comment sera l’après, je pense qu’elle est fondamentale et que des mesures devront être prises :

  • Relocaliser l’essentiel sur notre territoire : les usines qui fabriquent les protections utiles en cas de crises sanitaires pour ne dépendre de personne le jour J.
  • Mettre une veille sanitaire internationale qui préviendra toute nouvelle attaque épidémique. Cela existe déjà au fonds des océans pour prévenir d’éventuels tsunamis.

J’ai lu un jour dans la littérature asiatique : Une nation qui ne respecterait pas ses anciens est une nation qui court à sa perte.

Méditons là-dessus, il y a matière.

Une crise comme celle-ci doit vraiment interroger chacun, dans ses gestes au quotidien.
Aujourd’hui on RESTE CHEZ NOUS et on est plein d’espoirs, les choses ne peuvent que s’améliorer.