Féru de vélo, Adrien a expérimenté un circuit à vélo de 280 km à travers les paysages occitans. Pour lui, voyager à vélo rime avec liberté. Liberté de découvrir de superbes paysages inaccessibles avec d’autres transports.

Pédaler pour voyager les cheveux au vent, beaucoup y ont pensé pour agrémenter leurs vacances. Pédaler pour initier le voyage jusqu’au bout de la région, encore peu le tentent. Et pourtant, le voyage à vélo aussi appelé cyclotourisme, est aussi riche d’émerveillements sur la route que de bienfaits pour notre santé. En effet, c’est une mobilité économique qui permet d’arpenter des sentiers parfois inconnus des autres moyens de transports et de réaliser de belles rencontres avec une liberté quasi infinie.

Et c’est le pari qui semble fou qu’a choisi de nous proposer Adrien Rambaud à l’occasion de notre mise en avant du voyageur du mois de Juillet 2021. Passionné de vélo, nous vous avions présenté son parcours chez Morio où il porte les valeurs d’une mobilité toujours plus durable. Aujourd’hui il nous présente son circuit à vélo au départ de Toulouse à travers l’Occitanie. Une aventure qui nous réserve plus d’une surprise ! 

Top départ, à vos pédales ! 

Mercredi à 16 h : les sacs préparés, j’enfourche mon vélo pour rejoindre Olivier à la gare de Toulouse. Je me sens à la fois excité à l’idée de découvrir un nouveau coin de France, et un peu stressé par les nuages qui arrivent sur Toulouse. Ils vont sûrement nous joindre toute la soirée. De plus, les prévisions météo ne sont pas très optimistes pour tout le séjour. C’est un petit défi sportif qui m’attend car on ne va pas faire uniquement du vélo durant ce périple. En effet, mon sport préféré étant le trail, nous avons prévu de courir tous les jours entre 10 et 30 km autour de notre gîte.

À 18h, nous arrivons à Béziers sous un ciel très menaçant. Juste le temps pour Olivier de changer de chaussures. J’ai pour ma part décidé de garder les pédales plates, n’ayant pas la place de fixer mes chaussures de trail sur le cadre (j’ai depuis investi dans une meilleure sacoche pour garder les pédales automatiques lors de mes prochains voyages).

Nous partons alors direction Bédarieux (plus précisément Dio-et-Valquières), aux portes du Haut-Languedoc, à 50 km de Béziers. Un lieu dont j’avais déjà eu un avant-goût ayant plusieurs fois crapahuté dans le Caroux, à une vingtaine de km.

Affronter les intempéries, une aventure riche de souvenirs

Au bout de 15 km, comme nous le craignions, une pluie torrentielle s’abat sur nous. Nous sommes obligés de sortir gants et vestes pour ne pas attraper froid. C’est dur mentalement car nous ne nous attendions pas à être rincés comme cela jusqu’au gîte. Mais 15 minutes plus tard, c’est tout l’inverse : une éclaircie commence à apparaître au-delà du massif. Un superbe paysage doré par les rayons du soleil s’offre à nous. Nous sommes trempés, mais profitons pleinement tout en avançant. L’ascenseur émotionnel a une fois de plus joué son rôle : il passe de la frustration à la joie immense en quelque temps. Et nous sommes sereins sur la fin de notre trajet car l’éclaircie perdure. 

Le cyclotourisme, vecteur de belles rencontres

Après avoir traversé le premier massif, nous descendons sur Bédarieux. Puis nous finissons par une petite montée sèche jusqu’à notre gîte, où nous sommes accueillis comme des rois. La propriétaire connait bien le monde de sportifs auquel nous appartenons. Nous pouvons donc échanger sur cet univers. Elle nous a préparé un repas en connaissance de cause avec plein de vitamines et de protéines. De quoi être en forme le lendemain !

Jeudi matin, comme prévu, nous commençons par un petit footing en montant au plateau au-dessus du gite, avec une vue sur une partie du parc régional, entre les éoliennes. Cette fois le ciel est tout bleu, et le restera toute la journée.

Des joyaux de l’Occitanie sur notre route : la découverte du Larzac

 Vers midi nous partons donc direction Alzon, à la limite Gard / Aveyron derrière le Larzac. Un trajet d’environ 80km. Après une pause due à une crevaison, nous arrivons rapidement au pied du lac du Salagou. C’est un endroit notable de l’Hérault avec un beau paysage tout rouge dû à la ruffe, pierre gorgée d’oxyde de fer qui lui donne cette couleur si particulière. Nous poursuivons notre route jusqu’à Lodève où nous prenons un bon casse-croûte fait de pizzas, croque-monsieur et crêpes (oui c’est bien l’avantage, on peut se goinfrer ce sera vite éliminé !). 

Nous prenons notre temps dans la mesure où il nous reste environ 50 km pour tout l’après-midi. Ensuite direction vers le fameux plateau du Larzac.

En effet, même si peu se le représentent, son nom est assez connu pour la lutte du Larzac, contre l’extension d’un camp militaire à cet endroit. La montée n’est pas très pentue pour y arriver, puis nous traversons donc le causse qui est en effet très sauvage et assez aride, avec quelques élevages. De l’autre côté nous attend un superbe spectacle : le cirque de Navacelles.

Une superbe ouverture entre les deux plateaux, qui arrive au milieu de nulle part, avec un village tout en bas. De nouveau, les points de vue sublimes me procurent des sentiments d’extase. Des airs de Grand Canyon, on l’observe depuis le lieu touristique prévu à cet effet, mais c’est encore plus impressionnant quand on descend dedans puis remonte de l’autre côté.

Après l’avoir traversé, il ne nous reste plus que 15 km avec un long faux plat montant, ce qui n’est pas trop ma tasse de thé. Finalement nous arrivons à Alzon vers 17h, dans un gite communal plus primaire que la nuit précédente. L’accueil y est également plus froid, l’endroit n’étant pas géré par des professionnels. La première chose est de faire les courses pour les repas, sans lésiner sur les charcuteries et fromages locaux tels le Pélardon.

Une invitation à la course de montagne : Valleraugue et les Cévennes 

Vendredi matin, malgré une petite pluie, nous partons à l’assaut du Saint-Guiral, sur une boucle de 20km en trail. Dommage, en haut la vue est entièrement bouchée par la brume. Nous déjeunons alors à Alzon avant de partir pour 70 km jusqu’à Valleraugue, haut lieu du trail et de la course en montagne.

Nous entrons alors dans le Parc national des Cévennes par une longue descente de 10 km. Puis arrivés au Vigan, nous bifurquons pour la seule et longue montée du jour jusqu’au col des Mines, sur 25 km (mais à faible pourcentage) La seconde partie est sublime car le ciel bleu est de nouveau au rendez-vous, et une vue jusqu’à la Méditerranée s’offre à nous, avec l’entrée des Cévennes au premier plan, et le fameux Pic Saint-Loup, facilement reconnaissable, entre les deux.

Arrivés en haut du col, il ne nous reste qu’un léger faux plat avant de basculer sur Valleraugue, et au début de la descente c’est le Ventoux qui fait son apparition, bien qu’il soit à plus de 200 km. En tant qu’amoureux des reliefs français, je suis comblé ! Surtout de voir le géant de Provence, auquel je ne m’y attendais pas du tout. Et c’est censé n’être qu’un amuse-bouche avant la fameuse vue en haut du Mont Aigoual du lendemain !

Arrivés à Valleraugue, notre chambre est dans un état bizarre : totalement barricadée à cause de la crainte d’un tueur qui se balade dans la nature à 10 km d’ici (il se rendra le soir même). Nous avons cette fois droit à une demi-pension avec des lasagnes maison dont la propriétaire s’est vantée dès le matin par message. Certes bonnes, mais en quantité un peu légères pour deux sportifs qui ont fait 5h d’activité dans la journée.

De l’effort au réconfort : bienvenue à Montpellier !

Le lendemain, nous partons pour l’apogée du séjour, l’ascension du Mont Aigoual par le sentier des 4000 marches. Bien que peu connue, c’est une montée légendaire dans le monde du trail. Malheureusement tout le long, et donc en haut, nous évoluons dans une brume épaisse. Ce sera une occasion de revenir pour profiter de cette soi-disant belle vue ! Notre tour de 30 km de trail nous prend environ 4h30.

Alors que nous devions nous arrêter là pour la journée, Olivier a reçu une proposition de rejoindre des amis entre Valleraugue et Montpellier, notre destination finale.

Nous enchaînons donc avec 30 km de vélo (plutôt descendants) vers Saint-Bauzille-de-Putois. Ce trajet se fait le long de la rivière de l’Hérault, où nous constatons bouche bée les restes de tous les épisodes cévenols passés par là, et on s’imagine la violence de ces périodes de très fortes intempéries. La pluie de mercredi est sûrement une légère bruine à côté de ça !

Nous dormons donc dans une maison avec les amis d’Olivier et passons une bonne soirée autour d’un repas plus copieux que la veille ! C’est sans refus qu’on retrouve un peu plus de civilisation et de confort, surtout qu’ils sont très sympas et qu’on partage également des passions communes. On ne voit donc pas la soirée passer.

Le dimanche, comme de coutume, nous allons courir dans un petit massif très rocailleux (nous sommes sortis des Cévennes, le dénivelé se fait plus rare). Puis après un déjeuner et des remerciements pour l’accueil, nous filons pour 45 km au milieu de vignes direction Montpellier où notre train nous attend. Curieusement la forme est toujours intacte, et nous roulons à un bon rythme. Peut-être avions nous un peu le vent dans le dos !!

Arrivés à Montpellier, nous finissons notre périple avec une gourmandise bien chimique mais assez réconfortante (par soucis de responsabilité je ne mange presque plus de ce genre de nourriture, mais il faut avouer que ça fait du bien au moral après un long périple).

Olivier n’ayant pas trouvé de place dans l’Intercité, je le quitte donc à la gare et rentre paisiblement vers Toulouse avec des souvenirs pleins les yeux, et une conclusion. 

Avant de parcourir le monde, je conseille à tous de parcourir la France, nous avons au pas de notre porte de magnifiques paysages dont peu soupçonnent la beauté et connaissent l’existence. Et bien qu’on puisse déjà en profiter pleinement en voiture, les parcourir en vélo pimente encore plus ces voyages.