Née en 2017, la Via Garona parcourt 170 km de Toulouse à Saint-Bertrand-de-Comminges. Ce chemin de grande randonnée suit le cours de la Garonne. Elle a façonné un paysage d’une richesse naturelle et patrimoniale remarquable. Parcourons ensemble cette ancienne voie de pèlerinage.

La Via Garona retrace l’itinéraire des pèlerins du Moyen Âge. La Garonne était une voie de circulation pour se rendre dans le piémont pyrénéen. Bien avant l’autoroute A64, le fleuve remplissait ce rôle. Née sur le versant espagnol, la Garonne dessine une multitude de paysages en traversant la Haute-Garonne. Ce département s’est dessiné autour des courbes de son fleuve. Au fil de l’eau, vous traverserez des villes, des villages, des champs, des forêts pour enfin vous rapprocher des Pyrénées. 

Vue des coteaux de Muret sur la Via Garona
Vue des coteaux de Muret © Flockeo

Les Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France sont inscrits à l’UNESCO depuis 1998. Ces itinéraires médiévaux ont une valeur culturelle universelle. Cette randonnée est rythmée de 71 édifices religieux dont 6 inscrits au patrimoine mondial. Mais cet itinéraire, le GR 861, ne serait pas sans Jean-Marc Souchon. En 2012, lors d’une marche, ce randonneur-conférencier a découvert de nouveaux paysages. Après des recherches, il a retrouvé l’existence de cette voie de pèlerinage entre Toulouse et Saint-Bertrand-de-Comminges. Pour révéler ce chemin de Compostelle, il est retourné sur le terrain faire des repérages et des inventaires. Avec l’aide des associations jacquaires et des élus, ce passionné a pu faire renaître le chemin de la Via Garona.

Toulouse, au départ de la Via Garona

Le chemin commence au pied de la basilique de Saint-Sernin. Bijou de l’art roman, elle a été chantée par Claude Nougaro « une fleur de corail que le soleil arrose ». Au cœur de la place piétonne, la basilique rayonne. Les terrasses des salons de thé qui lui font face sont bien remplies. Nous poussons sa porte avant de la quitter pour un autre chef d’œuvre, la place du Capitole. Emblème de la ville, il est le siège du pouvoir municipal depuis le XIIe siècle. En le regardant, nous comprenons pourquoi sa construction va durer près de deux cents ans. Une alternance de briques et de pierre calcaire, des colonnes en marbre, 3 rangées de fenêtres, et bien d’autres éléments, l’édifice en impose ! Le sol de la place est décoré d’une énorme croix occitane réalisée par Raymond Moretti .

Basilique Saint Sernin sur la Via Garona
La basilique Saint-Sernin © Flockeo
Intérieur de la basilique Saint Sernin sur la Via Garona
La basilique Saint-Sernin © Flockeo

En rejoignant la place de la Daurade, le dialogue avec la Garonne commence. Le Pont-Neuf nous amène de l’autre côté. Sur la rive gauche a été construit l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques. Il accueillait les pèlerins jusqu’au XVIIIe siècle. À sa gauche, un autre édifice lui vole la vedette sur les cartes postales. Tous les toulousains connaissent le dôme en cuivre de sa chapelle. C’est l’Hôpital de la Grave. Nous longeons la Garonne pour quitter la ville et rejoindre la campagne.

La Garonne, un corridor naturel 

Au sud de l’agglomération toulousaine, l’Ariège rejoint la Garonne. Ensemble, elles créent une fabuleuse réserve naturelle régionale, le Parc du Confluent. La Réserve naturelle couvre 600 hectares sur une quinzaine de kilomètres. Le fleuve a façonné une mosaïque d’habitats naturels allant du plus humide au plus sec. Des milliers d’espèces animales et végétales y ont été recensées. Un bac à Portet-sur-Garonne permet de rejoindre la réserve. 

Ascalaphe soufré © Flockeo
Muscari à toupet © Flockeo

Nous quittons la vallée pour atteindre les coteaux. Sur les hauteurs de Muret, la Garonne brille en contrebas. Au loin, nous apercevons les Pyrénées. Enfin, quand ils veulent se montrer ! Un autre élément, le vent d’Autan, est bien plus souvent présent. Il souffle sur les grandes étendues des champs. C’est appréciable de redescendre près de la rivière et de ses grands arbres. La végétation d’un vert intense contraste avec celle des coteaux. Dans les villages, les façades des maisons alternent les briques et les galets de Garonne. La Chapelle de Saint-Amans est un point de vue remarquable pour admirer la Garonne et les Pyrénées.   

Vue des coteaux de Muret sur la Via Garona
Les Pyrénées vues des coteaux de Muret © Flockeo

Le Volvestre, un terroir entre le Pays Toulousain et le Comminges

Noé, Marquefave, Carbonne, nous sommes dans le Volvestre. La ville de Carbonne est située à la confluence de la Garonne et de l’Arize. Nous traversons la rivière pour rejoindre Rieux-Volvestre. Ce petit village paisible était autrefois la capitale administrative et religieuse du Volvestre. L’ancien quartier de Rieux est lové dans une méandre de l’Arize. Si proche de l’autoroute, c’est étonnant de pouvoir encore admirer les maisons à colombages. Avec son magnifique clocher octogonal, la cathédrale de la Nativité-de-Marie témoigne de la richesse épiscopale d’antan. Avant que sa population dépasse les 2000 habitants, Rieux était labellisé parmi « Les Plus Beaux Villages de France ». Nous le quittons pour retrouver les falaises de la Garonne. Plus bas vers Cazères, la Garonne s’élargit pour former un lac. Les retenues d’eau ont assagi la rivière. Ce village était autrefois fortifié. Il reste quelques vestiges d’enceinte et la porte située à Palaminy

Maisons à colombages sur la Via Garona
Maison à colombages à Carbonne par Père Igor – Wikipédia CC BY-SA 3.0

Arrivés à Martres-Tolosane, nous sommes aux portes du Comminges. Six ateliers perpétuent son artisanat d’art faïencier. À proximité, en 1826 a été découverte la villa romaine de Chiragan. Des fouilles ont permis d’exhumer une riche série de statues en marbre. Le paysage change sous nos yeux, il devient plus sévère. Nous quittons la plaine garonnaise faite de coteaux et de vallées.   

Le Comminges, au pied des Pyrénées

Après avoir traversé la commune de Boussens, nous arrivons à Mancioux. À la sortie du village, un chemin mène au château de Montpezat. Ce château de style renaissance contrôlait le passage par la vallée de la Garonne. Juste à côté, une percée dans les bosquets dévoile les Pyrénées. Pour parvenir au site de l’Abbaye de Bonnefont, le chemin s’éloigne quelque peu de la Garonne. L’abbaye a été fondée en 1136 sur les terres de la famille Montpezat. L’endroit est à la fois coupé du monde et très ouvert. Le site propose des animations autour du patrimoine, de l’art et de l’agroécologie. Elle dispose d’un jardin médiéval de 700 m2. Bruno le jardinier, vous racontera comment les moines le cultivaient.  

En descendant vers Saint-Gaudens nous longeons de nouveau la Garonne. Au XIIIe siècle, la ville était la capitale économique du comté de Comminges. La collégiale de Saint-Gaudens est inspirée de la basilique Saint-Sernin de Toulouse. En bas de la collégiale, une place offre une vue dégagée sur les Pyrénées.  Deux autres fois nous franchirons la Garonne aux ponts de Valentine et de Labroquère.

En franchissant le deuxième, nous voilà dans le département des Hautes-Pyrénées. Saint-Bertrand-de-Comminges se trouve à moins d’1 heure de marche. Cette dernière étape nous fait passer devant la basilique de Saint-Just-de-Valcabrère. Saint-Bertrand-de-Comminges s’élève en arrière plan. D’ailleurs, c’est grâce à l’évêque Bertrand de l’Isle que la ville a retrouvé son rayonnement. La ville lui doit la reconstruction de sa cathédrale. À sa mort, il fut vénéré comme un saint dans les Pyrénées. Poussez la porte de la cathédrale, vous ne serez pas déçu par son orgue !

La basilique de Saint-Just-de-Valcabrère et Saint-Bertrand de Comminges sur la Via Garona
La basilique de Saint-Just-de-Valcabrère et Saint-Bertrand de Comminges en fond
Panorama de Saint-bertrand-de Comminges sur la Via Garona
Panorama depuis l’ancien théâtre romain de Saint-Bertrand de Comminges

La Via Garona est une randonnée pédestre accessible à tous. D’une traite ou en plusieurs tronçons, vous pouvez la parcourir toute l’année. Cet itinéraire vous amènera sur les traces des voyageurs d’antan à travers les multiples paysages garonnais. Et si vous décidez de continuer le chemin Saint-Jacques de Compostelle, d’ici vous pouvez rejoindre la voie des Piémonts.