D’un bout à l’autre l’Eurasie se pare de couleurs et de cultures aux milles nuances. Chacune peut s’apprécier au détour d’un voyage et toutes ensembles, elles forment un cocktail inoubliable. C’est ce qu’ont vécu Logan et son amie en 2015. Voilà, le récit de son voyage à vélo de St Etienne à Oulan Bator en Mongolie.

Des inspirations littéraires comme déclencheur 

L’idée de voyager de cette façon m’est venue après la lecture de nombreux livres. J’ai découvert Sylvain Tesson, Jack Kerouac, Alexandra David-Néel et d’autres écrivains voyageurs lorsque j’étais au lycée. Ils m’ont profondément bouleversés. Je voulais partir en voyage. Ils m’inspiraient. J’admirais leur vitalité, ils brûlaient de vie quand je les lisais, toutes leurs aventures transpiraient de passion. Le mouvement, les rencontres, le nouveau et l’imprévu me stimulent, je l’ai découvert lors de mon premier voyage. Celui-ci a été à l’image de mes héros cyclo-voyageurs des années 80/90. Mais il aurait probablement pu être de mille autres manières. St Exupéry voyageait avec les avions de l’aéropostale, Moitessier sur ses voiliers. Actuellement, je voyage sur un ketch du nom d’Esméralda.

La démarche est à chaque fois la même : s’ouvrir au vaste Monde, rester humble, apprendre de la vie et chercher à s’émerveiller.

L’itinéraire d’un voyage hors du commun 

Nous sommes partis un an à deux en 2015 et 2016 sur quelques routes du monde à vélo, en faisant une interruption dans nos études universitaires. Le voyage s’est décomposé en trois parties. Après un départ de France, début octobre, nous sommes arrivés pour Noël à Istanbul, après avoir traversé l’Italie, les pays des Balkans, l’Albanie en arrivant par les montagnes du Monténégro, la Grèce puis la Turquie.

Nous avons ensuite pris un vol pour Delhi, et nous sommes restés presque quatre mois en Inde. Nous avons rencontré des indiens chez qui nous sommes restés deux semaines, et nous avons décidé de laisser les vélos pour découvrir ce pays-continent autrement qu’à la force des jambes. Les distances à parcourir sont immenses. Et l’Inde se vit aussi dans les transports en commun, notamment les bus et les trains. 

Ensuite, nous avons pris l’avion pour Pékin. De la capitale chinoise, nous devions remonter jusqu’à Irkoutsk, au bord du lac Baïkal en Russie, pour rentrer en Europe avec le transsibérien. 

Après être montés sur les hauts plateaux d’Asie centrale, nous sommes partis découvrir un massif montagneux au centre de la Mongolie. La personne avec qui je voyageais s’est blessée lors d’une chute, à 1000 km d’Oulan Bator, la clavicule gauche s’est cassée. Nous avons été rapatriés, le voyage a été écourté de deux mois. Dommage, nous venions juste d’avoir nos visas russes. Mais tout se terminait bien, et nous étions vraiment contents de tout ce que nous avions vécu !

L’appel de l’âme slave

La dernière étape de notre voyage était Irkoutsk en Russie. Je rêvais des grands espaces. La Russie m’attirait. L’âme slave. La sonorité de la langue. Une nature sauvage. Et puis l’idée de traverser la Sibérie en train me plaisait beaucoup. Quelques jours pour appréhender l’immensité de la géographie. Nous ne pouvions pas rejoindre la Mongolie sans prendre l’avion. Traverser l’Iran et les anciennes Républiques soviétiques, en vélo en plein hiver, n’était pas envisageable. Nous avons préféré découper notre voyage en trois parties, en passant l’hiver en Inde. De nombreuses frontières peuvent difficilement être traversées. De l’Inde, il est compliqué de rejoindre la Mongolie uniquement par voie terrestre. C’est pour cette raison que nous avons pris l’avion pour arriver en avril à la capitale chinoise, lorsque les températures des hauts plateaux d’Asie sont plus clémentes.

Partir léger, partir organisé !

Ce voyage a été financé avec nos économies. Il a fallu nous équiper, payer une assurance internationale, obtenir les visas et prendre quelques billets d’avion. Les frais quotidiens étaient peu élevés et concernaient principalement notre nourriture. Nous bivouaquions et dormions dans les jardins des personnes rencontrées sur la route. Nous avons beaucoup utilisé les réseaux Warmshower et Couchsurfing pour dormir en ville. 

Pour le choix des vélos, de nombreux cyclo-voyageurs partent avec du super matos mais nous n’avions pas assez de budget pour bien nous équiper. Alors, nous avions choisi des VTT basiques, simples et robustes, bon marché. Une fois révisés, ils ne nous ont posé peu de problèmes. Aucune crevaison malgré les milliers de km !

Nous avions une dynamo de moyeu, qui nous permettait de charger nos appareils électroniques. Les cartes géographiques du smartphone et la géolocalisation ont été particulièrement appréciées. C’est un super outil pour se déplacer dans les mégalopoles de plusieurs millions de personnes comme Istanbul, Delhi ou Pékin. Nous pouvions ainsi éviter les axes trop dangereux avec une circulation dense et rapide.

Nous avions également tout le matériel pour être autonome au maximum, tente, duvet, réchaud, etc. Nos équipements étanches étaient très appréciables. Préférez le réchaud à gasoil à celui à gaz, car nous avons rencontré d’importantes difficultés pour nous réapprovisionner dans certains pays.

L’esprit nomade et authentique du cyclo-voyageur

L’esprit à adopter en voyage en vélo est une posture pleine d’humilité. Pour voyager, il me semble indispensable d’avoir des rêves à caresser, des destinations qui nous attirent, avoir l’imagination qui ne se lasse jamais d’être flattée et être constamment curieux. Certains ont l’âme sédentaire, d’autres sont nés pour suivre des étoiles nomades.

Voyager c’est aussi une façon d’accepter de se rendre vulnérable. Avec les conditions météos parfois rudes, une langue et une culture nouvelle, des repères différents, de nouvelles personnes inconnues, peu de confort. Et c’est lorsque l’on est vulnérable que l’on apprend beaucoup, surtout sur soi. L’imprévisible est ce qui nous terrifie le plus, mais c’est ce qui rend aussi chaque chose plus intense. 

Les voyageurs remplis de certitudes me semblent déconnectés du voyage. Pour découvrir un pays, il faut essayer de le comprendre. Par son histoire. Sa culture. Ses livres. Sa religion. En discutant. En voyage, on découvre que nos idées ne sont pas universelles. Et qu’on a beaucoup à apprendre.

Une inspiration partagée 

Selon moi, ce type de voyage s’adresse même à ceux qui ne sont pas sportifs. Le corps s’adapte. Alors, aux personnes qui souhaiteraient voyager de la même façon, je leur recommanderais de lire des bouquins, c’est eux qui ont beaucoup nourri mes voyages. Et de ne pas se fermer à une seule manière de voyager, car d’autres sont aussi très chouettes et apportent des choses différentes.